Le vendredi 27 février 2015 se tenait au rectorat de Nantes le Conseil Académique des Langues Régionales (CALR) (qui ne concerne que le breton et donc seulement le département de Loire-Atlantique), où siégeaient pour la FSU le SNUipp et le SNES. Sont aussi présents le SGENCFDT, les associations de parents d’élèves Div Yezh (association de parents d’élèves des classes publiques bilingues breton français et dont le nom signifie 2 langues) la FCPE, un représentant de la ville de Nantes, la directrice de DiwanBreizh et la directrice de l’école confessionnelle Ste Madeleine. L’enseignement de la langue bretonne (optionnel ou LV3 ou bilingue) concerne dans le département 698 élèves de la petite section à la terminale. L’enseignement bilingue breton français concerne quant à lui aujourd’hui 595 élèves de la petite section au collège.
Il se répartit entre 3 filières :
– Diwan (le germe) associatif avec 5 écoles (Guérande, St-Nazaire, Savenay et 2 à Nantes) et un collège à St Herblain : 342 élèves.
– Dihun (le réveil) privé catholique : une école et 2 classes à Nantes : 68 élèves.
– Bilingue public : 2 écoles à Nantes. Les Marsauderies avec 7 classes et Les Batignolles avec 1 classe : 162 élèves aux Marsauderies et 23 aux Batignolles. Le collège Libertaire Rutigliano après 8 ans offre uniquement 3 heures optionnelles aux élèves issu-e-s des
filières bilingues. On est donc loin de la continuité de la filière bilingue qui dans le public est à parité horaire.
Mis en place par Jack Lang en 2001 le CALR dans notre département n’a été réuni pour la 1ère fois qu’en 2003 et depuis de manière très irrégulière. Il ne s’était plus réuni depuis juin 2012.
Nous avons dans une déclaration commune aux organisations syndicales et parentales remercié Mr le DASEN de l’organisation de ce Conseil Académique des Langues Régionales.
Nous lui avons rappelé que le code de l’éducation fixant la création des CALR et paru au BO le 13 septembre 2001 stipule dans son article 8 que « le conseil académique des langues régionales est réuni au moins deux fois par an ». Et qu’il est selon son article 3 « consulté sur les conditions du développement de l’enseignement de ces langues et cultures régionales dans le cadre de l’élaboration d’un plan pluriannuel ».
De même l’article 27 bis de la loi de refondation de l’école de 2013 affirme : « Les langues et cultures régionales appartenant au patrimoine de la France, leur enseignement est favorisé prioritairement dans les régions où elles sont en usage ».
« Cet enseignement peut être dispensé tout au long de la scolarité »
Ainsi depuis 4 ans et l’ouverture de la classe bilingue à l’école maternelle des Batignolles à Nantes, il nous apparaît que la filière bilingue du département est tombée dans un quasi oubli à l’exception donc du CALR de juin 2012 et d’une réunion en septembre 2013 à la mairie de Nantes, qui n’avaient été suivis d’aucune décision, perspective et ni suivi.
Mr le DASEN a affirmé qu’il était favorable à l’enseignement bilingue des langues régionales et s’est montré attentif à plusieurs de nos demandes.
– Le recrutement des enseignants :
Si le principal problème auquel était confronté l’enseignement bilingue public était celui du nombre des enseignants formés, celui-ci, même s’il est encore fragile, s’est amélioré. Il y a en effet des ressources d’enseignant-e-s en poste qui soit sont formé-e-s soit souhaitent l’être à travers une formation intensive pour adulte de 6 à 9 mois dispensé entre autre à St-Herblain.
Rappelons qu’en Loire-Atlantique la suppression de l’enseignement du breton à l’université de Nantes il y a 4 ans pour des raisons idéologiques conduit chaque année plusieurs étudiants du pays nantais à s’inscrire à Rennes afin de pouvoir suivre des études de langue bretonne. Et nombreux sont ceux qui y restent.
Nous lui avons demandé de pouvoir complété les temps de décharges de plusieurs enseignants par la nomination d’un ou d’une enseignante bilingue. Il a demandé que ceux ou celles intéressé-e-s devaient envoyer leur demande. Celle-ci serait acceptée après habilitation de Mme l’Inspectrice de breton.
– Promotion :
Suite à notre demande il va voir ce qu’il peut mettre en place avec l’ESPE afin que les enseignant-e-s stagiaires dont certain-e-s chaque année se montre intéressé-e-s puissent être informés au moins de l’existence de la filière bilingue publique.
De même nous lui avons demandé de rendre plus lisible pour les familles l’existence de cette filière.
– La formation continue :
Nous avons rappelé que nous ne disposons plus depuis 2003 de formation continue digne de ce nom. Il est vrai que c’est aujourd’hui le cas pour tous les enseignants du département puisque celle-ci est comme le disent les représentants du SNUippFSU depuis plusieurs années et comme l’affirme à son tour Mr le DASEN, exsangue. Il a donc accepté notre demande de pouvoir participer aux formations spécifiques organisées dans l’Académie de Rennes.
– Les Batignolles :
Depuis 2010 une classe maternelle multi niveau est ouverte à l’école maternelle des Batignolles. Et depuis maintenant 2 ans se pose le problème de la continuité en élémentaire aux Batignolles. Les enfants de GS qui veulent poursuivre sont obligés de se rendre aux Marsauderies. Mr le DASEN à donc accepté le principe d’ouverture d’une classe enfantine (GS-CP) pour l’année 2016-2017.
– Nouveau site :
Suite à un courrier de la mairie de St Herblain, la relance du projet d’ouverture en bilingue public à St Herblain.
– Le collège Libertaire Rutigliano :
Une offre de seulement 3 heures aux élèves issus de l’enseignement bilingue est proposé depuis 8 ans au collège Libertaire Rutigliano. On est loin de la parité horaire et de l’enseignement bilingue tel que définit dans le public. Une enseignante stagiaire formée demande à pouvoir y assurer un enseignement d’histoire-géographie dans la langue. Mais les méandres administratifs et le non empressement des responsables qui en ont la charge (IPR ou secrétaire du rectorat) fait que ceci semble encore une fois bloqué. La seule solution possible proposée par Mr le DASEN est de gelé le poste en cas de mutation d’un enseignant du collège.
Nous espérons donc que ce CALR inaugure une nouvelle ère quant au développement de la politique en faveur de l’enseignement bilingue public dans le département, que ce soit en création de classes, formation, remplacements, promotion de la filière...
Car aussi bien les enfants que les parents et les enseignants ont besoin à nouveau de perspectives afin de développer l’enseignement facultatif ou bilingue public de manière sereine c’est-à-dire avec des perspectives établies sur le long terme par tous les acteurs de la filière.
Enfin s’il est vrai que dans un monde ou tout doit avoir une valeur purement utilitaire d’un point de vue capitaliste, l’enseignement du breton ou de toute langue dite régionale n’a aucun intérêt économique. L’enseignement bilingue précoce breton français apparaît donc pour certain comme anachronique ou sans utilité, voire dangereux. Elle serait même un frein comme tout ce qui n’est financièrement pas rentable. A l’image de la suppression de l’enseignement du Français à l’université publique de la capitale de l’Etat de New-York en 2012 pour le motif de non utilité économique.
Le seul enseignement public bilingue précoce en France est celui des langues minoritaires, dont le Breton. Parce qu’ « une langue n’est pas faite que pour servir » à faire des affaires, comme le dit Marie-Monique Steckel, présidente du French Institute-Alliance Française aux Etats-Unis ; parce qu’une langue n’est pas seulement un outil de communication dans le seul but de faire des affaires, mais une vision du monde, les gens se mobilisent pour défendre et essayer de faire survivre des langues patrimoine et diversité de l’humanité et de sa pensée…et ne se mobilisent pas pour l’enseignement de l’Anglais.